À la Rencontre du Vrai : Sculpture, Nature et Liens Authentiques
Interview avec : Armand Kebfoube - Créateur de sculptures sur bois
Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec des bois spécifiques de la région dans vos sculptures ? La particularité du bois d’ici ?
Armand :
Je n’ai pas choisi les bois de la région, ça a été une découverte. À chaque fois que je me rends dans une nouvelle région, j’essaie de découvrir le type de bois local pour les sculpter.
Le chêne d’ici présente une différence marquée avec les chênes de la Méditerranée. En raison de l'abondance des pluies, il pousse rapidement et n'est pas assez dense. Il se travaille plus facilement et se fend moins fréquemment que les chênes de la Méditerranée.
Quant au pin, beaucoup de sculpteurs estiment qu'il n'est pas assez noble pour la sculpture, mais j'ai trouvé une grande beauté dans cet arbre. Comme il s'effrite rapidement, cela m'a permis d'apprendre une nouvelle technique. Pour sculpter un visage sur le pin, il faut identifier ses fibres et ses nœuds, puis les contourner avec minutie.
Les éléments naturels influencent-ils votre processus créatif d'une manière particulière ?
Armand :
Je ne coupe et sculpte pas les arbres vivants. Je ne sculpte que des arbres morts. Si une tempête survient, c’est elle qui décide de quels arbres je vais sculpter. De plus, si les insectes attaquent un arbre, je peux alors exercer mon art. Lorsqu'un arbre est attaqué, il développe une défense, et cela se manifeste visuellement dans sa structure.
Dans un arbre, on trouve toujours des traces des éléments naturels, des imperfections qui me permettent d’articuler ma création autour.
Pouvez-vous nous parler des techniques artisanales spécifiques que vous utilisez dans votre sculpture de bois ?
Armand :
Comme mentionné précédemment, lorsque j’ai commencé à sculpter le pin, cela a perfectionné ma technique et ma sensibilité artistique.
Mes débuts dans la sculpture se faisaient à la hache, et aujourd'hui, j'utilise également la herminette et des gouges. J'intègre également du matériel moderne pour mes sculptures, comme la tronçonneuse et la disqueuse. Avant de commencer le processus, j'entre en contact avec la matière, je la touche, analysant l'arbre devant moi. Cette étape est cruciale pour établir un lien continu tout au long de la création de l'œuvre entre l’arbre et moi. Sans ce lien, il ne peut y avoir d’histoire véritablement aboutie.
Comment votre travail en tant que sculpteur de bois contribue-t-il à la vie culturelle de la communauté locale ?
Armand :
Mon objectif premier est que mon œuvre vive dans la société, qu'elle fasse partie intégrante du quotidien de la population, qu'on puisse la ressentir et qu'elle interpelle. Je souhaite que les gens puissent se retrouver dans ces histoires. C'est pourquoi j'envisage des projets dans la région, et certains sont actuellement en cours de validation.
L'un de ces projets associe la nature vivante et la nature morte, mettant en avant leurs similitudes. C'est ma manière de traiter un sujet qui me tient à cœur, en explorant le lien entre la naissance et la mort. C'est aussi une occasion de donner à l'art une place significative dans nos vies quotidiennes.
Votre valeur d’aujourd’hui et de demain qui vous définit :
Armand :
C'est LE VRAI, à la fois dans mes sculptures et dans la vie quotidienne, car nous sommes appelés à vivre avec des éléments authentiques. Parce que le vrai a un impact, elle touche la sensibilité, elle incarne la vie.
Instagram : @sculpteurarmandkebfoube